Découverte des instruments
en musicothérapie
Le tambura
Avec la collaboration de Ghislaine Nys,
intervenante pour Musique & Handicap 78
Le tambura, appelé aussi tanpura, est un instrument à cordes pincées. Il est emblématique de la musique classique indienne. On le reconnaît grâce à sa sonorité de bourdon harmonique qui sert de fondation mélodique aux chants et aux instruments. Nous l’utilisons énormément en musicothérapie.
« Cet instrument que vient d’acquérir Musique et Handicap 78 est un tambura. Il comporte une table en bois de hêtre et 18 cordes. Avec un son superbe, riche et harmonieux, utilisé en musicothérapie. Le tambura est très résonnant grâce à sa forme bombée. De plus, il est idéal pour nous accompagner en relaxation. La personne peut prendre l’instrument, le poser sur elle et en jouer. Dans ce cas, la personne est actrice au niveau de l’instrument : elle va pouvoir moduler l’intensité comme elle le souhaite. De plus, elle va ressentir des vibrations au niveau de son corps. La personne peut aussi être plus passive. Comme en relaxation. C’est alors nous, intervenants, qui allons provoquer les vibrations en posant l’instrument sur son corps ou au-dessus. L’effet ressenti est celui d’une pluie de musique qui nous inonde. »
| Ghislaine Nys – Commentaire de la vidéo
Si vous le voulez bien, découvrons ensemble les secrets de ce merveilleux instrument. D’où vient son nom ? Comment est-il fabriqué ? Comment est-il accordé ? Qu’est-ce qu’un bon tambura ? Où peut-on en acquérir et à quel prix ? Pourquoi choisit-on le tambura en musicothérapie ? Enfin, l’utilise-t-on dans l’orchestre ?
D'où vient ce nom « tambura » ?
Les noms « tambura » ou « tanpura » désignent le même instrument dans la musique traditionnelle indienne. Ces désignations varient selon la région : le mot « tanpura » est utilisé dans le nord du pays, le mot « tambura » au sud.
Instrument à cordes pincées, le tambura appartient à la famille des luths. Les chanteurs et les musiciens l’utilisent dans la pratique des ragas(*). Sa fonction première ? Créer un environnement sonore stable et harmonieux. Le tambura est utilisé en concert, bien évidemment, mais également lors de séances de méditation et lors de pratiques spirituelles.
Selon le site organology.net, le nom de l’instrument proviendrait soit du mot sanskrit « tana » (qui signifie phrase musicale) combiné à « pura » (qui signifie plein), soit du mot persan « tanbur », qui désigne un groupe de luths à long manche du Moyen-Orient.
(*) Le raga (ou râga, rāga) est un cadre mélodique constitué par un certain nombre de règles musicales. Ce n’est ni une gamme ni un mode, bien qu’il partage certains points communs avec ces notions occidentales. Ce cadre peut s’appuyer sur un sentiment, une émotion ou un moment de la journée. Il délimite aussi, par exemple, les notes à utiliser, celles qu’il faut éviter, un phrasé lié à telle ou telle circonstance.…C’est autant une sorte de grammaire qu’un précis de stylistique.
Comment le tambura est-il fabriqué ?
L’instrument mesure de 90 à 150 cm de long. Il est traditionnellement fabriqué en bois de cèdre aromatique ou d’épicéa. Le fondement de l’instrument est sa caisse de résonance creuse souvent taillée dans une gourde séchée appelée « tumba ». Dans sa forme la plus traditionnelle, le manche est long et fin, et l’ensemble de l’instrument est creux, ce qui lui donne une résonance riche et profonde. Selon la position du musicien, l’instrument est placé verticalement ou horizontalement.
Comment est-il accordé ?
Le tambura possède généralement quatre cordes (parfois cinq), qui sont accordées en continu. L’accordage classique, basé sur la tonique et la quinte, est un peu délicat, car il faut ajuster avec précision les harmoniques pour obtenir une onde sonore stable. C’est de la précision de cet accordage que dépendent la qualité du son et la juste perception des consonances et des dissonances.
Qu'est-ce qu'un bon tambura ?
Un tambura de qualité se distingue par la richesse et la pureté de son bourdon, la précision de son accordage harmonique, la qualité du bois utilisé et la finesse de sa fabrication. Le son doit être stable et riche en harmoniques.
Comment joue-t-on du tambura ?
« Le pouce soutient la main au niveau du manche. Les autres doigts sont placés parallèlement au-dessus du centre des cordes. Pincer les cordes consiste davantage en un léger roulement ou une frappe avec la partie molle du doigt qu’en un pincement sec. La première corde est généralement pincée avec le majeur, tandis que les autres cordes sont pincées avec l’index, l’une après l’autre. Le rythme de pincement est régulier afin de produire un son qui « respire » naturellement. Chaque corde a le temps de résonner. En particulier la quatrième corde, qui met plus de temps pour s’estomper ». (Source : organology.net)
Où peut-on en acquérir ? Et à quel prix ?
Les tamburas peuvent être achetés en Inde dans les ateliers spécialisés des grandes villes, mais aussi auprès de fabricants et revendeurs spécialisés en Europe ou en ligne.
Les prix varient selon la qualité, la taille (pour homme ou pour femme, accordage plus grave ou aigu), et le type de bois. On trouve aussi des modèles plus petits et portables, adaptés aux voyages. Les prix peuvent aller de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros selon la qualité et la provenance.
Pourquoi utiliser le tambura en musicothérapie ?
Le tambura est bien plus qu’un simple instrument de musique. Ses vibrations sont apaisantes. Elles favorisent la relaxation et la méditation. comme nous le démontre Ghislaine. Son usage permet de faire découvrir des résonances internes qui équilibrent les émotions. Le principal apport repose sur la perception d’une temporalité étendue et continue : la base sonore continue abolit la sensation de la progression temporelle linéaire. Le temps nous apparaît moins segmenté : il est davantage perçu comme un flux homogène.
Le tambura : son utilisation dans l’orchestre
Dans la tradition indienne, le tambura n’est pas un instrument soliste, mais un instrument d’accompagnement. Il est quasiment omniprésent. Il est utilisé pour soutenir la voix ou les instruments principaux.
On pense à Ravi Shankar (sitar), Shivkumar Sharma (santoor) ou d’autres grands interprètes de ragas.
Pour les compositeurs, le bourdon du tambura occupe beaucoup d’espace sonore. L’un des défis est donc de l’intégrer à d’autres instruments (pianos, percussions, voix) sans jamais masquer les motifs rythmiques ou mélodiques. Il faut donc doser minutieusement son volume pour qu’il soutienne l’ensemble, sans le dominer.
Certains artistes exploitent le tambura non seulement comme instrument d’accompagnement traditionnel, mais encore comme source sonore principale pour des explorations sonores contemporaines.
La Monte Young est un compositeur américain minimaliste et un pionnier des musiques de drone. Il s’est profondément inspiré du râga. Le son tenu par le tambura est au cœur de ses compositions, parfois sans mélodie ni changement perceptible.
Henri Tournier, flûtiste français contemporain, joue du bansuri (de la flûte indienne) et utilise aussi le tambura dans ses créations, mêlant influences indiennes et musiques contemporaines (écoutez son disque : Souffles du Monde).
Michel Guay, sitariste et compositeur canadien, intègre le tambura dans ses concerts. Son enseignement mêle musique indienne traditionnelle et création contemporaine.
Publié le 13 juin 2025 - gdc
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