Musique et Handicap 78
Méthodologie à l'usage des intervenants
Comment construire un atelier ?
L’association Musique et Handicap 78 élabore le canevas de ses ateliers selon un schéma rigoureusement établi. Trois portes d’entrée ouvrent sur cette construction collégiale et consensuelle, sous-tendue par 16 notions clés, qui constituent le fil rouge de toute activité et lui donnent tout son sens.
Trois portes d'entrée
Pour construire un atelier adapté à vos besoins, nous avons trois portes d’entrées :
- Prendre en compte l’intention de l’atelier : musicothérapie, pédagogie adaptée, répétition, animation…
- Le structurer à partir d’objectifs qui peuvent être thérapeutiques : rééducation motrices, langagière, contrôle ou amélioration de symptômes, gestion des émotions, resocialisation, travail de deuil…
- Former les accompagnants à pratiquer des temps de musique plus informels, qui peuvent fluidifier et rendre plus agréables des moments obligatoires de la journée comme s’habiller, se laver, se déplacer, attendre que le groupe soit prêt…
Les 16 notions clés à prendre en compte
Écouter
Écoute de soi, écoute de l’autre. Si l’écoute est le fondement de la relation sociale, elle demeure primordiale dans le domaine musical comme dans la danse. Écouter la musique, c’est l’entendre, c’est la laisser résonner en nous, mais également être apte à la comprendre et à l’analyser. Se sentir écouté, c’est déjà consolider son sentiment d’exister et l’estime de soi.
Bouger
Joie du corps, joie du mouvement. Sentir une pulsation, retrouver la sensation de la vie en soi. Mettre ou remettre le corps en mouvement, porté par le sens et la beauté de la musique. Retrouver un plaisir lié à la motricité : jouer, frapper, chanter, faire résonner, danser !
Défoulement et détente
Les jeux musicaux conduisent les participants à se détendre physiquement et nerveusement. Les séances comportent des séquences de défoulement qui sont salutaires des diverses tensions accumulées. La pratique musicale implique aussi bien le corps que l’être intérieur et ceci débouche tout naturellement sur une relaxation globale de l’être.
Découverte d'un univers sonore
Des instruments très variés sont proposés : petits, énormes, produisant des sons fins, légers, aigus à lourds, puissants, graves, et mobilisant le corps par des mouvements très variés (du petit mouvement de la main à un mouvement puissant qui engage le corps en entier). La beauté du son, la joie de faire sonner un instrument, peut amener à effectuer des mouvements difficiles, et ainsi apporter une nouvelle façon d’éduquer ou de rééduquer la motricité.
Plaisir
Dans tous nos ateliers, c’est par le plaisir que la personne va pouvoir se dépasser. C’est en prenant du plaisir que le participant s’investira et évoluera. Le travail doit donc être présenté comme une activité ludique. L’apprenant intègre alors que le bénéfice du travail n’est autre que le plaisir, et ce, malgré les consignes, ou grâce à la sécurité de cadre qu’elles offrent. Celles-ci sont ainsi considérées comme des règles de jeu et non des contraintes. Le ludique devient créatif et vice versa.
Respiration
Redécouvrir le flux de sa respiration. Pendre conscience de ce souffle qui nous accompagne jour et nuit, le rendre visible, pousser ses limites, ressentir son effet sur le corps (selon son intensité : accélérations cardiaques ou au contraire détente). Expérimenter l’effet de la respiration sur le stress.
De la voix vers le chant
Explorer les sons produits par nos cordes vocales, ressentir l’effet des différentes positions de la bouche… pour redécouvrir la voix, l’ouvrir, la débloquer, la relier au corps, apprendre à oser.
Mémoire
Se souvenir grâce à des chansons partagées. Un être dont l’identité a été terrassée par la maladie d’Alzheimer peut retrouver ce qui a constitué son histoire. Un échange peut se faire autour du choix des chants ou des chansons partagés qui nous relient à nos souvenirs, nos émotions.
Identité
Le son que je produis me renvoie une image de moi : jouer fort, discrètement, mélancoliquement, mystérieusement, avec joie, avec franchise… permet d’explorer une large palette d’émotions et de donner à entendre et observer un miroir sonore de « qui je suis ». Ces expérimentations sonores, effectuées dans un cadre ludique, peuvent entraîner une transformation valorisante de l’image de soi. Elles permettent d’envisager de nouvelles manières d’être dans la vie de tous les jours.
Imitation
Première expérimentation de dialogue musical, se sentir suivi, c’est reconnaître que l’autre a entendu ce que j’ai produit et s’est donné la peine d’y répondre. Être capable de répéter en écho ce que l’autre a produit demande déjà une plus grande maîtrise, qui s’acquiert progressivement, d’abord rythmiquement puis mélodiquement.
Jouer ensemble
Jouer en groupe est essentiel, car il y a alors interaction et émulation entre les participants tout en renforçant leur sentiment d’appartenance à l’atelier, ce qui débouche sur un sens collectif fort et constructif. Le jeu en groupe est synonyme de règles sociales, fondées sur le contrôle de soi, sur l’écoute et le respect de l’autre. Il conduit en outre les participants à développer le sens de leurs responsabilités vis-à-vis de l’autre : en effet, le résultat musical du groupe dépend de la qualité de la prestation de chacun, et implique l’assiduité et la ponctualité aux séances, l’écoute permanente des autres membres de l’atelier.
Improviser
Comme tout dialogue verbal, l’improvisation demande un respect de l’autre, de l’écoute du discours de l’interlocuteur. Improviser permet de développer la confiance en soi et d’oser, de se risquer à l’erreur.
En solo, en duo ou en groupe : faire sortir ce qui n’est pas forcément prévu, prendre le risque d’essayer librement, puis donner un cadre à cette production, vers la création d’une chanson ou d’une pièce de musique. Se positionner dans un groupe d’improvisation musicale, c’est choisir de dialoguer, suivre, mener. S’entendre et se reconnaître en tant qu’individu au sein d’un groupe, c’est trouver et reconnaître sa place. C’est aussi l’occasion d’expérimenter le plaisir du son à plusieurs, la fierté de participer à une production musicale.
Développer la créativité
Écouter, improviser : la créativité musicale débute à partir de ces deux éléments. Dès lors, l’exploration de nouveaux ingrédients musicaux éveille la perception du participant.
Respecter les rythmes et les envies
Prendre en compte le rythme de chacun, c’est adapter l’apprentissage à chaque participant afin que celui-ci évolue, car susciter l’intérêt et la curiosité de chacun, c’est renforcer sa propre estime de soi. Ceci lui permettra de s’épanouir plutôt que de s’enfermer. Ouvrir vers d’autres possibles, qui améliorent l’estime de soi.
Acquérir une plus grande autonomie
L’autonomie ne se décrète pas : elle se construit, progressivement, au rythme de chacun. Elle ouvre à la curiosité et à l’exploration d’un instrument de musique et du temps. Il s’agit aussi de stimuler chacun à prendre des initiatives, à explorer les instruments mis à disposition, tout en respectant les consignes données.
S'épanouir
La maîtrise de soi et le travail sur la concentration font partie des buts de toute démarche à médiation musicale. Ils auront sans aucun doute une répercussion directe sur l’épanouissement de la personnalité du bénéficiaire. Participer à une création sonore, même éphémère, c’est déjà se découvrir créateur.
- Publié le 21/01/2025 – gdc